City break : Reims, Pétillante

Texte par Nadia Hamam ; image de couverture : Cathédrale (c) Carmen Moya Office de Tourisme du Grand Reims

Elle est loin, l’ancienne ville bourgeoise et froide, où les théâtreux de France et de Navarre venaient essuyer les plâtres d’un public difficile avant d’affronter les spectateurs du reste de la France. Des vignes classées, des tables qui gagnent à se faire connaître, de l’art, de l’air… Il fait désormais très bon vivre à Reims. À une petite heure de train de Paris, on aurait tort de pousser plus loin. Dans cet article, découvrez Reims lors d’un city break.

Une histoire de craie, d’hommes et de vins 

On se presse des quatre coins de la planète pour fouler la Champagne, la région posée sur une épaisse couche de craie. Celle qui donne à ses fameux vins leur extraordinaire finesse et leur identité. Les fans de belles bulles écument les illustres maisons comme le domaine Vranken Pommery. Fondé en 1836, il est l’un des plus spectaculaires du monde, avec des caves cathédrales enfouies à 30 mètres de profondeur (aussi appelées les crayères) dans un dédale de 18 kilomètres.

La Champagne brille aussi par ses petites maisons aux productions remarquables, à l’instar de Duval-Leroy, installée à Vertus depuis 1859, à la pointe de la Côte des blancs. Au gré des visites, on admire, par pans, les « paysages culturels évolutifs vivants » classés au patrimoine mondial en 2015. Pour embrasser ce tableau unique dans ses grandes largeurs, il faut emprunter la route touristique qui serpente sur 600 kilomètres, ou s’offrir un vol en ballon. Les domaines rivalisent de créativité pour faire vivre le champagne autrement. Chez Pommery, par exemple, on dévoile chaque année une nouvelle « Expérience » éponyme : une exposition signée par un artiste contemporain en vue. Autres idées originales, se glisser dans la peau d’un vendangeur pour quelques heures, s’initier aux subtilités du sabrage, ou siroter sa coupe sur les hauteurs d’un bar perché en forêt de Verzy. 

Entre gothique, art déco et street art 

Développement harmonieux du tramway, rénovations réussies… le centre rémois a gagné en allure et son exploration, en confort. En tête de ses monuments classés, il faut admirer la cathédrale Notre Dame de Reims aux 2303 statues et 33 sacres. À quelques pas, le palais du Tau, ancienne demeure de l’archevêque, et l’ancienne abbaye Saint Rémi, qui abrite un musée.

Près de la place de la République, la chapelle Foujita (Notre-Dame-de-la-Paix) mérite, elle aussi, le détour. Son intérieur a été conçu et décoré par l’artiste franco-japonais Léonard Tsuguharu Foujita, entre 1965 et 1966. Converti au catholicisme à Reims en 1959, le peintre fantasque de l’École de Paris y a apposé son style à la croisée de l’esthétique nippone et de la Renaissance italienne.

Sensible à l’architecture ou pas, impossible de ne pas se laisser happer par la magie Art déco qui imprègne la ville. Bibliothèque Carnegie, façade de l’ancien cinéma Opéra, église Saint-Nicaise, Grand Théâtre… les pépites de ce courant artistique sont disséminées çà et là. L’application IDVizit fournit deux circuits pédestres gratuits sur la thématique. Quant aux maisons de Champagne, elles n’ont pas échappé à l’effervescence architecturale des années 1920 à 1930, à l’exemple du cellier d’expédition Mumm et de la Villa Demoiselle de Vranken-Pommery. L’art contemporain trouve ici lui aussi un territoire d’exposition privilégié avec des sculptures monumentales offertes par le secteur privé ou des œuvres de street art de talentueux créateurs comme l’inclassable Iemza, C215 ou encore Céz Art. 

Expos et gourmandises 

Avec de multiples restaurants étoilés et distingués de toute part, on ne badine pas avec l’assiette en Champagne. Elle doit être à la hauteur des grands crus ! Informelles ou plus classiques, les tables ont chacune leur personnalité et ont droit de cité. On alterne ainsi selon l’humeur l’un des nombreux bars à manger autour de la place d’Erlon ou du quartier du Boulingrin, où commerces de bouche côtoient brocantes et antiquités.

Spécialités à ne pas rater au marché du Boulingrin : les biscuits roses et croquignoles (à tremper dans les bulles…), les lentillons, le jambon de Reims ou encore la fameuse moutarde Clovis. Partie prenante de l’expérience rémoise : ses habitants, aussi appelés… Cornichons. Pour les rencontrer dans les conditions optimales, cap sur l’espace hybride Quartier Libre, qui rassemble expositions, événementiel, pépinière d’entreprises au cœur d’une ancienne friche, ou au Shed, une usine rachetée par un trentenaire inspiré qui en a fait un « laboratoire » pluriel avec micro-brasserie, association de jazz, photographie, espace famille, table où bruncher… Un tiers-lieu créatif qui vient contraster avec l’image patrimoniale de cette ville riche de 2000 ans d’histoire. 

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